Pierre Pinoncelli
Ce drôle de personnage, spécialiste du « happening » en tout genre, et « artiste comportemental », n’a pas hésité en 2006, âgé de 77 ans, à uriner dans « l’urinoir » de Duchamp exposé au Centre Pompidou. Une récidive, puisque celui-ci avait déjà été condamné en 1998 pour avoir uriné, puis frappé au marteau, ce même « urinoir » exposé au Carré d’Art de Nice en 1993…
Né à Saint-Étienne en 1929, Pierre Pinoncelli s’est dans un premier temps consacré à la peinture. Derrière ses toiles gigantesques, représentant des sortes de silhouettes fantasmagoriques, apparaissait déjà un personnage décalé et un peu inquiétant…
A l’origine cadre commercial, il abandonne son activité professionnelle en 1967 pour se consacrer désormais à son « Art » : la construction d’une collection de happenings, spectaculaires et provocants.
C’est ainsi qu’est né l’épisode inoubliable et décalé de 1969, au cours duquel André Malraux fut totalement aspergé d’encre rouge à l’aide d’un pistolet à peinture, lors de l’inauguration du musée Chagall de Nice. Pierre Pinoncelli proposera cette même année l’action « anti pain » à Bordeaux (au cours de laquelle il brûle publiquement des baguette de pain en chantonnant « À bas le pain »).
Il était probable de se dire que Pierre Pinoncelli aurait bien en réserve une brillante action pour faire connaitre son indignation face à la situation avérée d’apartheid en Afrique du Sud… ce sera « Hold-up contre l’Apartheid » (1975), happening au cours duquel, muni d’un fusil chargé à blanc, il « attaque » une Société Générale (banque) de Nice, et récolte un butin symbolique de 1 franc… Objectif : protester contre le jumelage Nice-Le Cap au cours de la ségrégation institutionnelle.
Autre action en date ? En juin 2002, il se tranche une phalange du petit doigt avec une hache en hommage à Ingrid Betancourt pour négocier avec les FARC…
Loin d’être fou, bien que certainement « illuminé », Pierre Pinoncelli est plutôt une sorte de penseur moderne, un intellectuel convaincu qu’il faut faire le jeu de la mise en scène pour toucher encore aujourd’hui la conscience du grand public… Toutes ses initiatives, il les explique et les assume…
Une sorte de « fou pensant », en somme !
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