Jo Ractliffe

Nadir, Jo RactliffeJo Ractliffe est une artiste spécialisée dans la photographie, et l’ensemble des médiums modernes (installations et vidéos).

Née en 1961 à Cap Town, elle appartient à la toute dernière génération des artistes sud-africains en activité. Elle explore dans son oeuvre les thèmes de l’absence et de la perte, de l’identité, de la mémoire, du désir et de la mort. Pour elle, « la photographie est un médium réfractaire et lié à la protestation, un vecteur de dissimulation. Malgré cela, nous persistons à croire en la vérité des apparences ; nous confondons le réel avec ses représentations. Je suis intéressée par cet espace de glissement entre la photographie et la réalité, et par la notion de trace. Mais je suis également intéressée par les choses qui se passent au-delà du cadrage – le « suggéré », les choses furtives qui ne sont pas aisément imaginables. »
Guess who loves you series, Jo Ractliffe
Il est donc logique de la retrouver investie dans un travail d’évocation, bien davantage que dans une recherche d’exposition de la réalité. Ainsi, dans l’une de ses installations les plus connues (« Guess who loves you series », 1999), Jo Ractliffe photographie des jouets mastiqués par sa chienne.

Exposé selon une organisation pensée par l’artiste, l’ensemble photographique qui en ressort se veut une métaphore de la souffrance provoquée par le désir, jamais totalement satisfait, et qui transforme l’amour en une abjection lancinante.

Guess who loves you series, Jo Ractliffe

Son travail le plus directement en lien avec l’apartheid reste cependant Vlakplaas, un montage photograpique représentant une vieille ferme exploitée pendant l’apartheid comme espace clandestin de torture et d’assassinat à l’encontre des activistes pro-démocratie. Cette production lui a sans doute été inspirée par le travail effectué à partir de 1994 par la Commission Vérité et Réconciliation, censé révéler au grand jour les pires exactions commises du temps de l’apartheid.

Vlakplaas, Jo RactliffeLà encore, Ractliffe fait le choix de la suggestion, et propose une image qui ne révèle en rien les horreurs commises en ce lieu. C’est le silence qui prévaut, comme si l’artiste voulait justement exprimer l’inexprimable et évoquer l’impossibilité à figurer l’horreur, la violence gratuite et incensée dissimulée derrière la banalité d’un paysage de campagne.

Jo Ractliffe est désormais enseignante dans le domaine des Beaux-Arts à l’Université de Witwatersrand, en Afrique du Sud. Une monographie est parue en 2000, évoquant son travail et sa pratique artistique (Jo.Ractliffe, par Brenda Atkinson).

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