Exposition « Peuples » | Photographies de Pierre de Vallombreuse

« Les Champs Libres » est un tout récent centre culturel à Rennes. Cet espace d’expositions, de conférences, d’activités ludiques pour les grands et les petits, comprend également une somptueuse bibliothèque dont les baies vitrées, jusqu’au sixième étage, offre à ses visiteurs une vue panoramique inattendue sur la ville… Un lieu apaisant, emplis d’ondes positives et stimulantes qui, à mon sens, impulse une véritable énergie à qui prend l’habitude de s’y rendre à toutes les occasions (elles sont nombreuses !).

Bref, ces Champs Libres mériteraient à eux-seuls un Coup de h’Artpon incisif… Mais pour l’heure, passons, et entrons dès à présent plus au coeur de notre sujet.

Ce dimanche 30 septembre a marqué la fin d’une exposition qui mérite d’être défendue au-delà de sa mise en lumière rennaise : « Peuples, faire connaitre et défendre les peuples autochtones« , est en effet une oeuvre riche, travaillée et nécessaire, qui regroupe un ensemble de 80 clichés de Pierre de Vallombreuse, photographe devenu ethnologue émérite au travers d’un travail exceptionnel auprès de 27 ethnies du monde entier depuis bientôt 20 ans.

Ce basque, destiné à l’illustration d’ouvrages suite à des études d’Arts appliqués, ne devait pas savoir à l’âge de 20 ans jusqu’à quel mode de vie extrême sa vision du monde très engagé allait le conduire très tôt. Et pourtant, embarqué un peu par hasard au coeur de l’ethnie des Palawans (Philippines) dès la sortie de l’école parisienne, il subira instantanément l’appel d’une autre vocation : le témoignage documentaire, en faveur de la défense des peuples exposés au risque d’une disparition immédiate. C’est alors qu’un vecteur s’imposa de lui-même : la photographie, qui lui permettra de transmettre des messages forts dépassants les limites des frontières culturelles.

Jeune berger du peuple Yis | Chine

C’est ainsi que, depuis le début des années 1990, Pierre de Vallombreuse investit toute sa personne dans une lutte presque désespérée. Il n’hésite pas, notamment, à passer de nombreux mois chaque année au coeur de ces peuplades méconnus. Partageant leurs modes de vie, perçant progressivement les secrets de leur équilibre, il est le témoin privilégié des désastres que provoque malheureusement une infiltration culturelle occidentale de plus en plus prégnante.

Jeune femme et enfants Palawans | PhilippinesL’exposition, qui se développe volontairement en un rythme exponentiel, laisse peu à peu apparaitre, au milieu des images de joie et d’harmonie avec le milieu naturel qui caractérise ces ethnies, des traces indéniables et souvent dramatiques de l’ingérence occidentale : alcool, armes automatiques, cadres de vie artificiels…

Les conséquences de l’infantilisation de ces tribus, à la base pourtant autonomes et autosuffisantes, se révèlent à notre compréhension. Alors, nous devenons fébriles: c’est leur équilibre et leur subsistance même que notre sentiment de supériorité leur retire peu à peu…

Des images noires, profondément alarmantes, nous accompagneront enfin pour achever l’exposition…

Alors, nous repasserons une fois encore devant les photographies joyeuses et graciles de la première salle, pour retrouver en nous l’étincelle de la vie… Une étincelle inspirée par la vision des quotidiens épurées et libres, ceux de ces « Peuples », au sein d’une nature préservée…

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