h’Artpon pris sous les feux du féminisme

N’en déplaise à Simone de Beauvoir, le féminisme est une affaire qui date !

Bien avant nos suffragettes et les portes enfoncées par les tenantes du Women’s Liberation, Olympe de Gouge élevait déjà l’étendard en 1791, dénonçant l’ingrate prédominance masculine de son temps et réclamant une reconnaissance politique dans sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Très en avance sur son époque et manifestement pleine d’esprit, cette chère Olympe n’en finit pas moins sur l’échafaud, laissant néanmoins s’échapper un message qui trouva rapidement un écho de l’autre côté de la Manche. Là, en effet, une certaine Mary Wollstonecraft, femme de lettres britannique, publia l’année suivante Vindication of the Rights of Woman, un essai féministe fortement inspiré par la Révolution Française.

Citons encore l’Appel au peuple sur l’affranchissement de la femme de Claire Démar paru en France en 1833, et nous aurons alors une petite idée de ce qui se tramait déjà depuis des décennies lorsque Simone de Beauvoir commença à dénoncer les abus de la société patriarcale machiste. Le deuxième sexe, ouvrage publié en 1949, lui offrit en effet la couronne inébranlable de « mère spirituelle » de la vague féministe des années 1970 centrée sur les droits liés au corps des femmes.

Voici en quelques mots la sauce h’Artpon de ce premier webzine… Continuons !

La page du féminisme s’impose sans doute comme un moment majeur de notre histoire. Point de repère indiscutable de notre époque, marqueur décisif d’une émancipation féminine toujours en construction, elle reste cependant dans les esprits une période vague à laquelle il me parait nécessaire de tracer des limites temporelles. Ainsi, dans ce premier opus d’un h’Artpon fraîchement lancé, je me propose de vous emmener sur des chemins inaugurés par la jeunesse révoltée de Mai 1968, au cœur de la seconde vague féministe des années 1970, jusqu’à nos jours. De cette façon, en marchant lentement à travers les décennies tout en nous autorisant quelques allers-retours et quelques fantaisies, je vous propose une découverte du féminisme et de ses évolutions, par le biais d’une exploration de ses expressions et de ses impacts sur un monde artistique fortement bouleversé.

L’enjeu de cette démarche est de parvenir à percevoir les enjeux de cette parcelle historique qu’est le féminisme à travers son témoignage dans les Arts, tel qu’il a existé, puis tel que nous la percevons aujourd’hui, à savoir malmené, déformé, puis recomposé par de multiples influences.

« Les femmes, les féministes, et par après les artistes, partent du questionnement et du renforcement de leur identité de femmes. Les féministes ont souhaité changer toute la société, les artistes en témoignent ».

Ces quelques mots de Véronique Danneels, historienne de l’art et auteur d’une thèse sur les répercussions féministes dans la production artistique des femmes des années 60-70 aux USA, résume à merveille l’engagement des femmes artistes aux côtés, ou au cœur, de la cause féministe.

A partir des années 1970, en effet, l’investissement des femmes dans l’art prend une tournure nouvelle. A la fois inattendu, brutal, et inévitable, l’élan du féminisme entraîne, volontairement ou non, l’ensemble des pratiques féminines, quotidiennes comme artistiques, vers des contrées lointaines des routes traditionnelles.

Art and Feminism | Editions PhaïdonSortant progressivement les femmes de leur silence, leur faisant entendre que des changements possibles pointaient à l’horizon, cet élan sans précédent leur donna avant tout une volonté inédite de prendre la parole. L’expression de quelques-unes fit place à une revendication provenant de la masse ; dès lors, les dés étaient jetés, et le discours jusqu’alors dominant imposant la soumission des femmes dans une société patriarcale, ébranlé. Un art féminin, hétéroclite et dynamique, pouvait désormais apparaitre.

Un art féminin, bien avant d’être féministe…

Bienvenue dans h’Artpon, épisode 1, pour un voyage historico-culturel entr’Art, et Féminisme…

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