Carolee Schneemann

Carolee Schneemann est une personnalité très remarquée dans le monde de la revendication féministe d’hier et d’aujourd’hui.

Artiste américaine
appartenant à la mouvance du Body Art au même titre que Gina Pane, il me semble qu’il n’est pas faux de lui attribuer le rôle de précurseur dans le domaine de la mise en avant du corps et de la nudité (dans ses formes parfois les plus abjectes) au sein des artistes féministes des années 1970.

Ci-dessus : « 36 Transformative Actions » | 1963

Faisant des tabous sociaux contemporains – le corps, la sexualité, la question du genre – des points centraux de ses travaux, elle a insufflé à son oeuvre une mission fondatrice : poser la question des corps individuels au sein du corps social, et leur capacité à s’imposer comme acteurs de changement. Pour cela, elle use de références incessantes à un ensemble de rituels traditionnels issus de diverses cultures, par lesquels la permissivité occidentale de la vision des corps explose.

Associée au groupement artistique Fluxus, émergent dans les années 1960 (aux côtés notamment de Joseph Beuys, John Cage, Jean Dupuy, Yoko Ono…), elle s’est attachée à répandre ses messages à travers différents médias : peinture, photographie, performance et installation.

Ci-dessus : « Meat Joy », 1964 | Rite érotique faisant référence à l’excès, l’indulgence, la célébration de la chair comme outil de travail (poissons et poulets crus, saucisses, plastique transparent…)

« Je veux que mon corps soit combiné à mon oeuvre comme un matériau à part entière – une dimension pleine de ma construction… Je suis à la fois l’artiste à l’origine de l’image, et l’image même. Le corps peut demeurer érotique, sexuel, désiré et désirable, mais également dévot : marqué, incrusté dans un texte de coups et de gestes issus du seul vouloir de ma créativité de femelle« .

C’est en effet dans la diversité, mais aussi dans une culture du « faire soi-même » et de « la simplicité dans la complexité », que Carolee Schneemann a porté haut et fort, par le biais de l’image de sa propre image, ses revendications libertaires et contestataires en faveur de la liberté d’expression physique et intellectuelle des femmes.

Ci-contre : « Interior Scroll », 1975 | Carolee Schneemann se tient nue sur une table dans une attitude rituelle, peignant son corps avec de la boue puis extrayant lentement un papier de parchemin de son vagin. Au cours de l’action, elle lit au fur et à mesure le texte inscrit qui apparait…

Ses performances, littéralement traversées par des références sexuelle (voire orgiaques!), sont parfois insoutenables, souvent écœurantes, dans une volonté de provocation assumée de leur auteur…

Bienvenue dans un monde où la chair est maitresse, et la sexualité, pulsion vitale…

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