Pierrette Bloch est une artiste atypique.
Née à Paris en 1928, elle inscrit son travail dès les années 1960 dans le rapport qui unit Art et Féminisme, sans même sembler s’en rendre compte.
Tissant au fil du temps et de ses œuvres une parole calme et légère, donnant à entendre une voix silencieuse, abstraite et métaphorique, Pierrette Bloch représente à merveille cette catégorie d’artistes qui ont nourri les propos féministes sans jamais élever la voix, ni dans leur vie, ni dans leurs œuvres.
Les productions de Pierrette Bloch flottent sur des courants apaisés, loin du tumulte féministe, mais reflètent néanmoins d’une façon discrète l’existence féminine par l’usage subtil et remanié de techniques propres au faire-féminin. Utilisant dès 1973 le fil, le crin et la ficelle de façon très minimaliste, et maniant l’encre du bout de son pinceau pour marquer le temps de petites tâches immuables et rythmées, Pierrette Bloch joue avec patience sur l’expression de la lumière et des textures, et semble au travers de ses toiles et de ses
« sculptures » partir sur les traces de ses mémoires enfouies, les plus intimes et les plus pures.
« J’entreprends un long voyage sur une feuille, je m’enveloppe dans ce parcours ; ce n’est plus une surface, mais une aventure dans le temps. Le format n’existe plus ».
Ces paroles, qui accompagnent le travail graphique de l’artiste, évoque l’enjeu d’une œuvre qui se lit dans le temps, dans une visée introspective et apaisante.