Niki de Saint Phalle

Niki de Saint PhalleNiki de Saint Phalle…

Ce nom raisonne à nos oreilles telle une mélodie bien connue, tant les œuvres et l’originalité de cette artiste se sont imposées partout, à travers les places, les champs, et les bâtiments du monde entier depuis le début des années 1960.

Tout au long d’une vie dense et profondément atypique, cette artiste atypique explorera les activités de plasticienne, de peintre, de sculpteur et de réalisatrice de films avec une intensité dévastatrice, qui l’entrainera d’ailleurs, à plusieurs reprises, jusqu’ à la dépression nerveuse.

Shooting painting, 1961 | PerformanceNée en France en 1930 sous le véritable prénom de Catherine Marie-Agnès, la petite Niki devient très vite indépendante, affichant un caractère instable et perturbé (dénonciation des abus incestueux de son père au cours de son enfance?).

Avec sa famille, ruinée par le krach boursier de 1929, elle part s’installer aux Etats-Unis, où elle entame une relation très difficile avec l’école et l’autorité. Renvoyée à maintes reprises des différents établissements scolaires où elle fait à chaque fois un passage remarqué, elle n’en est pas moins, à 12 ans, une grande amatrice d’Edgar Allan Poe, de Shakespeare et des grands tragédiens grecs. C’est donc très tôt que Niki de Saint Phalle débute son ascension vers un monde intérieur riche et loufoque, qui l’amenera d’ailleurs, un jour de 1944, à repeindre en rouge vif les feuilles de vigne de toutes les statues de son école…

Black Venus, 1967 | Sculpture en polyesterLors d’une visite à Barcelone, Niki de Saint Phalle fait une découverte qui marquera à jamais sa créativité artistique. Sous la vive lumière espagnole, elle rencontre un univers qui lui devient soudainement familier et évocateur, celui de l’architecte Gaudi. Fascinée par les formes grandioses et colorées des travaux de l’artiste, et en particulier par son incroyable jardin de sculptures, Niki de Saint Phalle fonde en ce jour le rêve de réaliser elle aussi une œuvre monumentale de cette qualité. Son rêve deviendra réalité bien des années plus tard, lorsqu’elle réalisera le célèbre
« Jardin des Tarots » en Toscane, entre 1979 et 1998.

Ses autres ferments d’inspirations lui proviennent des productions de Paul Klee, d’Henry Matisse, de Pablo Picasso et du Douanier Rousseau, mais aussi des peintres surréalistes tels que Victor Brauner, Max Ernst et René Magritte.

Se faisant rapidement connaître de ce groupe de créateurs « éclairés », elle deviendra une actrice à part entière de leur quête artistique et intellectuelle, au sein d’un mouvement qui portera le nom de « Nouveau Réalisme ».

Stop Aids Sida, 1994 | Timbre poste (Suisse) C’est tout au long de sa carrière et de ses productions artistiques que Niki de Saint Phalle gagne sa place dans le camp des artistes féministes. Qu’il s’agisse des ses « Tirs » (1961), performance au cours de laquelle elle utilise une carabine pour tirer des poches de couleurs sur des moulages de plâtre, ou encore de ses plantureuses « Nanas », poupées gradeure nature toutes de papier mâché et de polyester, Niki de Saint Phalle inonde son univers d’images de femmes et de couleurs éclatantes en signe de révolte. Elle réalise notamment, pour le Moderna Museet de Stockholm, « Hon/Elle » (1966), une femme monumentale posant les jambes entrelacées et étendue sur le dos (28 mètres de long sur 6 mètres de haut, et 9 mètres de large), à l’intérieur de laquelle les visiteurs sont invités à pénétrer par l’entre-jambes…

« En 1961, j’ai tiré sur : Papa, tous les hommes, les petits, les grands, les importants, les gros, les hommes, mon frère, la société, l’Eglise, le couvent, l’école, ma famille, ma mère, tous les hommes, Papa, moi-même, les hommes. Je tirais parce que cela me faisait plaisir et que cela me procurait une sensation extraordinaire. Je tirais parce que j’étais fascinée de voir le tableau saigner et mourir. Je tirais pour vivre ce moment magique. C’était un moment de vérité scorpionique. Pureté blanche. Victime. Prêt ! A vos marques ! Feu ! Rouge, jaune, bleu, la peinture pleure, la peinture est morte. J’ai tué la peinture. Elle est ressuscitée. Guerre sans victimes ».

Parole d’une femme forte, mais brisée à l’intérieur, habitée d’une ardente et pacifique fureur…

Pour visiter le site officiel de Niki de Saint Phalle : cliquez ici.

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