Françoise Janicot

Attention. Oeuvre poétique, Artiste à part.

Je me permets de faire sortir ici du lot une femme, une artiste, un être humain, auquel je trouve par de nombreux aspects une personnalité exceptionnelle.

Françoise Janicot a longtemps vécu hors du temps, hors du monde, n’existant que dans le silence de son atelier et à travers la discrétion profonde de ses toiles grises et bleues. Construisant son univers dans l’isolement et la quiétude, elle se risqua néanmoins à rencontrer ce monde au début des années 1970, dans une démarche certes timide mais volontaire. C’est le début de sa transformation, cette transformation qui deviendra bientôt celle de toutes les femmes : une métamorphose dans l’action.

Cachée derrière son appareil photo, sa nouvelle arme, elle se mit à ausculter une société qui ne lui parlait guère, une société bridée de toutes parts et dont elle préfèrera exorciser les objets du quotidien auxquels elle attribue des expressions révélatrices (panneaux d’interdiction, affiches, pendules, barres…).
L'encoconnage, 1972

Puis, prenant conscience de son renfermement, de son éloignement des autres femmes et de sa propre aliénation à la condition féminine, elle entreprit une oeuvre décisive qui la révéla aux yeux du monde… Une action dans l’ombre telle que sa discrétion le lui dictait, mais une action à la puissance évocatrice profonde, telle que sa révolte intérieure le lui insufflait.

1972, Françoise Janicot « s’encoconne », et ce sont des milliers d’yeux ébahis qui se tournent vers elle. Françoise Janicot s’emprisonne des pieds à la tête, au rythme des élans poétiques de Bernard Heidsieck, en de grandes étendues de ficelles rugueuses.

Le message passe, la provocation s’insinue, et son entreprise visuelle atteindra des sommets politiques Photographie de Bernard Heidsieck: la mise à l’écart systématique des femmes dans le monde de l’art est dénoncée ; l’émancipation, l’expression et la jouissance des femmes dans le monde, revendiquée. Toutes les femmes se reconnaitront dans cette position de refus dont Françoise Janicot est, et s’est construite, de la tête aux pieds.

Tout au long de son parcours artistique, Françoise Janicot se consacra principalement, par un important travail photographique en noir et blanc, à transmettre l’intensité des émotions portés par les poètes du mouvement de la « poésie sonore », dont Bernard Heidsieck, son époux, fut l’un des précurseurs.

Pour un très joli article sur Françoise Janicot : cliquez ici.
De la lecture, encore : Françoise Janicot | Bernard Heidsieck

|